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CHAPITRE III

(4)

Comment le désir, comment la contrition du cœur satisfont à la faute et à la peine, en soi et dans les autres ; et comment quelquefois ils satisfont à la faute et non à la peine.

Je t’ai montré, fille très chère, comment la faute n’est expiée, en ce temps fini, par aucune peine, endurée seulement à ce titre de peine. Je t’ai dit qu’elle s’expie par la peine supportée avec désir, amour et contrition du cœur, non à raison même de la peine, mais en raison du désir de l’âme. Le désir — comme d’ailleurs toute vertu — n’a de valeur, n’a en soi de vie, que par le Christ crucifié, mon Fils unique, pour autant que l’âme a puisé en lui l’amour, et modèle sa vertu sur la sienne, en suivant ses traces. C’est de là et de rien d’autre, que les peines tirent leur valeur. Ainsi peuvent-elles satisfaire à la faute, par le doux et profond amour acquis dans l’aimable connaissance de ma bonté, et par l’amertume et contrition du cœur qui procède de la connaissance de soi-même et de ses fautes. Cette connaissance engendre ce regret du péché et cette haine de la sensualité qui font que l’âme s’estime digne des châtiments et indigne de toute consolation, ainsi que le disait la douce Vérité.

C’est, tu le vois, la contrition du cœur jointe