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L’honneur du clergé n’est pas dans une sorte de convention pharisaïque qui canoniserait a priori, aux yeux des fidèles, la vertu personnelle des prêtres. Il est avant tout dans cette dépendance divine ; mais il requiert comme correspondance humaine cette sainteté de vie par laquelle chaque ministre du Sauveur s’efforce de n’être pas trop indigne d’un si grand ministère.

Si les scandales décrits par Catherine se sont faits très rares, ne serait-ce pas se complaire dans une respectabilité de commande que de prétendre qu’ils sont inouis désormais ? En présence de certains désordres individuels, et qui ne sont pas secrets, les âmes ont toujours besoin de se reprendre aux principes exposés en si divine lumière, dans ce Livre. Par la comparaison qu’elles pourront faire d’ailleurs de l’état présent du clergé avec celui du xive siècle, elles pourront admirer l’assistance de la Miséricorde divine qui ne manque jamais à son Église, et lui fait puiser en cette vitalité de l’Esprit, la force de se réformer sans cesse dans ses membres, en demeurant identique à elle-même dans sa substance de vie, toujours inaltérable dans la vertu de son ministère, dans l’enseignement de la doctrine, dans l’efficacité de ses sacrements.

Néanmoins le pieux tertiaire a reculé devant certaines particularités des vices de ce temps, bien que la description s’en trouve dans toutes les éditions italiennes, Il n’a pas osé les donner en français, et il a recouru au texte latin pour les relater en note au bas des pages. Je n’ai pas cru devoir imiter cette réserve, qui n’est pas d’ailleurs sans danger. Ce voile que l’on essaye de jeter sur le vice sans le supprimer et sans le cacher complètement, ne fait guère que piquer la curiosité friande de mystère. Le lecteur qui ignore le latin trouvera aisément un érudit pour l’interpréter, et cette recherche déjà malsaine, fixée sur ce détail précis, risque de ren-