Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui nous apprend à rendre à chacun — à Dieu, au prochain, à nous-mêmes, — ce que nous lui devons. Cette réponse commence non pas au chapitre 9, mais dès le chapitre 3, où le Père éternel apprend à Catherine que ce n’est point par les peines extérieures, mais par le désir de l’âme que l’on expie.

La seconde demande est pour la réformation de la sainte Église.

La troisième, pour le monde entier et spécialement pour la paix entre les chrétiens.

La distribution de ces deux prières appelle une explication.

Dans le langage du Dialogue ces mots : la sainte Église, le corps mystique de la sainte Église, ne désignent pas comme on l’entend d’ordinaire toute la société des chrétiens. Catherine restreint le sens de ce vocable. Pour elle, il ne signifie que l’Église enseignante la sainte hiérarchie, le corps des Pasteurs. L’ensemble des fidèles, elle l’appelle le corps de la religion chrétienne. Voilà la raison de cette distinction entre la sainte Église et les chrétiens, dans une double prière. Quand elle prie pour le monde entier, elle étend alors sa prière des simples fidèles aux hérétiques et à tous les hommes non baptisés.

Ces deux prières, pour le corps mystique et pour les chrétiens — baptisés ou à baptiser — la sainte les unit souvent. L’une implique l’autre, dit-elle, parce que la Réforme des pasteurs ranimera la ferveur dans le corps des fidèles et provoquera la conversion des infidèles. Mais elles n’en demeurent pas moins distinctes par leur objet.

Cette remarque faite, il nous faut observer encore que l’ordre de ces deux demandes a été interverti dans l’ordre des réponses. Car, au cours de ses extases, le Père éternel expose à la sainte les raisons de faire miséricorde au monde avant celles qui amèneront la