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l’Église et la plus expressive. C’est bien, en effet, le titre placé par Gigli au fronton de son édition ; mais après sa préface il n’en a pas moins écrit en tête du texte : Traité de la Divine Providence.

Sans nul doute il est beaucoup parlé dans cet ouvrage de la Providence divine, comme de la Sagesse, comme de la Bonté, comme de l’Amour de Dieu. Il n’est pas un de ces attributs dont le choix ne pût se justifier par de graves raisons comme titre de ce colloque mystique ; mais s’il en est un qu’il fallait écarter, c’est celui-là même qui a été choisi. Cette indication, Traité de la Divine Providence, ne pouvait être donnée comme désignation générale du sujet, parce qu’elle est déjà celle d’un traité spécial que ne forme qu’une minime partie du Livre.

Ne saurait-on découvrir quel est l’objet principal de cet enseignement dont la pensée domine et organise toutes les parties. Saint Thomas d’Aquin parle d’un attribut de Dieu qui n’est ni l’Amour, ni la Bonté, ni la Justice, ni la Providence, et qui est cependant la perfection de toutes ces perfections divines, qui est à la racine de toutes ses œuvres et inspire toute sa conduite à l’égard de sa créature raisonnable : c’est la Miséricorde. C’est la Miséricorde qui le fait se pencher sur toute misère, subvenir à toute détresse, écarter de sa créature toute défaillance, guérir toute plaie, reformer toute défectuosité pour la refaire sans cesse et l’amener à la perfection qu’il a rêvée pour elle. C’est cet attribut divin qui est avant tout l’objet de la contemplation de notre sainte. L’amour nous a créés, l’amour nous a sanctifiés par bonté

    dom Étienne, très zélé pour répandre dans les chartreuses la doctrine spirituelle de celle qu’il appelait sa Sainte Mère.

    Ce sont là questions posées plus que solution apportée. Mais ces questions résultent des documents eux-mêmes et elles peuvent du moins aiguiller les recherches du côté d’une vraisemblance à vérifier.