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plisse par obéissance tout ce qui sera honneur de Dieu et commandement du vicaire du Christ crucifié, auquel je veux demeurer soumise en toute chose… »

C’est que dans le même temps elle envoyait au confesseur la réponse que voici : « Père, plusieurs de nos concitoyens, nombre de leurs femmes et même des sœurs de mon Ordre se sont scandalisés, et gravement, des voyages trop fréquents, à leur avis, que j’ai faits de divers côtés. Il ne convient pas, disent-ils, qu’une vierge consacrée à Dieu soit si souvent par les chemins. Je sais bien que par toutes ces courses je n’ai pas commis la moindre faute. Toutes ces pérégrinations je ne les ai entreprises que pour obéir à Dieu et à son vicaire et pour le salut des âmes. Toutefois, comme je ne voudrais pas de moi-même fournir à ceux dont j’ai parlé matière à scandale, je ne puis me résoudre à quitter Sienne dès maintenant. Si le vicaire du Christ veut absolument que j’aille à Rome, que sa volonté se fasse et non la mienne. Mais, s’il en est ainsi, faites en sorte que sa volonté me soit consignée par écrit, afin que ceux qui se scandalisent voient clairement que ce n’est pas de ma propre initiative que j’entreprends ce voyage[1].

Au reçu de cette lettre, le prieur de la Minerve alla porter la réponse au Souverain Pontife, qui le chargea d’envoyer à Catherine le précepte formel au nom de la sainte obéissance de venir à Rome.

Voilà les circonstances au milieu desquelles commence la rédaction du Livre. Mais à quelle date précise ?

La lettre de la sainte nous fournit ici un détail précieux qui a été omis dans le prélude du Dialogue[2]. La

  1. Cette lettre n’a été conservée que par la citation qu’en a faite le B. Raymond dans sa Légende.
  2. Légende, III, i.