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lui l’imperfection. Vous seriez sans consolation, et comme sans force dans l’âme, en vous voyant sevrés de cette austérité que vous aimiez, et dont vous aviez fait le principe de votre avancement spirituel. Il vous semblerait être séparés de moi, et le sentiment d’être privés de ma Bonté vous remplirait d’ennui, d’amertume et de trouble. Vous en viendriez ainsi à négliger vos exercices, et à vous relâcher de l’oraison fervente, que vous étiez accoutumés de faire au temps de vos pénitences. Maints accidents survenus vous auront obligés de renoncer à vos macérations, et l’oraison n’aura plus pour vous cette saveur que vous lui trouviez auparavant. Oui, voilà où vous en arriveriez, Si vous aviez fait de l’amour de la pénitence, le fondement de la perfection, au lieu de le placer dans l’ardent désir des vraies et réelles vertus. Tu vois quelles funestes conséquences résulteraient de cette méprise : c’est l’aveuglement, c’est le murmure contre mes serviteurs, c’est l’ennui, c’est l’amertume profonde, c’est l’application à me servir par des œuvres finies, moi, le Bien infini, et qui, à ce titre, réclame de vous un désir infini.

Il faut donc fonder votre perfection sur la mortification et l’anéantissement de la volonté propre. Dès lors, par cette volonté toute soumise à ma volonté, vous m’offrirez un doux et ardent et infini désir, sans autre objet que mon honneur et le salut des âmes.

Vous vous nourrirez ainsi à la table du saint désir, sans jamais trouver en vous-mêmes ou dans le prochain