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humilité qui l’amène à dire : " Aujourd’hui c’est toi que le mal a touché ! Demain ce sera moi, Si la grâce divine n’est pas là pour me préserver ! "

O très chère fille, attache-toi avec amour à ce doux état de perfection ! Regarde comme ils courent, ceux qui sont éclairés par cette glorieuse lumière En eux quelle excellence ! comme leur âme est sainte ! Comme ils mangent à la table du saint désir ! Comme ils sont avides de cet aliment des âmes pour mon honneur à Moi, Père éternel ! Comme, à ce banquet, ils sont revêtus de la robe du doux Agneau, mon Fils unique, tout illuminés qu’ils sont de sa doctrine et embrasés de sa charité !

Ceux-là ne perdent pas leur temps à porter de faux jugements sur mes serviteurs ou sur les serviteurs du monde ! Ils ne se scandalisent d’aucun murmure contre eux-mêmes ou contre d’autres. Pour ce qui est d’eux, ils sont heureux de souffrir pour mon nom, et, pour ce qui est de l’injure faite à autrui, ils en prennent occasion de compassion pour le prochain, sans une plainte contre celui qui la fait ou contre celui qui la reçoit. C’est que leur amour est ordonné en Moi, le Dieu éternel, et ne s’en écarte jamais.

Parce que leur amour est ainsi réglé, ma très chère fille, jamais ils ne se scandalisent de ceux qu’ils aiment, ni d’aucune autre créature douée de raison. Leur propre jugement ne vit plus, il est mort aussi ne s’arrêtent-ils point à juger la volonté des hommes, il leur suffit de voir partout la volonté de ma Clémence. Ils observent, ceux-là, la doctrine