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s’adressait à moi ou à quelque autre de vos serviteurs, pour demander conseil sur la manière de vous servir, quelle doctrine devrait-on lui donner ? Je sais bien, mon doux Dieu éternel, que vous m’avez déjà exposé cette parole, que vous m’aviez dite : " Je suis celui qui aime peu de mots et beaucoup d’actions. " Cependant, s’il plaisait à votre Bonté de me l’expliquer encore, Elle me ferait grand plaisir.

Il arrive en effet qu’en priant moi-même pour vos créatures et spécialement pour vos serviteurs, il me semble voir dans mon oraison, que l’une a l’âme bien disposé et paraît jouir de vous, et que l’autre a l’esprit plein d’obscurités : en ce cas, dois-je, Père éternel, ou puis-je juger, que l’un est dans la lumière et l’autre dans les ténèbres ?

Ou bien encore, si je vois que celui-ci pratique de grandes pénitences, et celui-là non, dois-je juger que celui qui fait de grandes pénitences, possède une plus grande perfection que celui qui n’en fait pas ?

Je vous en prie pour que je ne sois pas abusée par mes propres pensées, daignez m’expliquer plus en détail ce que vous m’avez dit, de façon générale.

Le second point sur lequel j’implore ces explications, c’est le signe auquel l’âme peut reconnaître qu’elle est vraiment visitée par vous, Dieu éternel, quand vous l’honorez de votre visite. S’il m’en souvient bien, vous m’avez dit, Vérité éternelle, que l’Esprit en conservait de l’allégresse et un encouragement à la vertu. Je voudrais savoir si cette allégresse ne peut pas être une illusion de l’amour-propre