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que j’aime et en haïssant ce que je hais. Elle est ainsi dans le troisième état de la charité du prochain.

Voilà la plénitude qu’a puisée la mémoire au sein de ma Charité ; voilà comme l’âme s’est délivrée de l’imperfection, par la pensée et le souvenir continu de mes bienfaits. L’intelligence a reçu la lumière. En regardant dans la mémoire, elle a connu la vérité, elle est sortie de l’aveuglement de l’amour-propre et elle est demeurée devant le Soleil qui est l’objet de sa contemplation, le Christ crucifié, où elle connaît Dieu et l’homme.

Outre cette connaissance, par l’union contractée avec moi, elle est élevée à une lumière qui ne vient pas de sa nature, qu’elle n’a pu acquérir par l’exercice de sa propre vertu, mais qui est une grâce de ma douce Vérité qui ne dédaigne pas les ardents désirs, ni les sacrifices offerts devant moi. Alors la volonté qui suit l’intelligence s’unit à Moi avec un très parfait et très ardent amour. A qui me demanderait ce qu’est cette âme, je répondrais un autre Moi-même, par union d’amour.

Quelle langue pourrait raconter l’excellence de ce dernier état unitif et les fruits multiples et variés que l’âme y reçoit, dans cette plénitude des puissances de l’âme ? C’est là, cette douce alliance des facultés dont je t’ai parlé, en t’exposant la signification générale des trois degrés du pont, à propos de la parole de ma Vérité. Non la langue ne le saurait dire ; mais les saints Docteurs l’ont bien montré, éclairés qu’ils étaient par cette glorieuse