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arrivée à ce dernier état, se repose sur le sein de ma divine charité, et applique les lèvres du saint désir, sur la chair du Christ crucifié, je veux dire qu’elle s’attache à suivre ses traces et sa doctrine. Car elle a bien compris, dans le troisième état, que ce n’est pas moi, le Père éternel, qui suis la voie, parce qu’en moi Père éternel, ne se peut rencontrer aucune souffrance ; c’est qu’on la trouve dans mon doux Fils aimé, le Verbe d’amour !

Vous non plus, vous ne pouvez passer la vie sans souffrance, et c’est par bien des tribulations que vous pourrez atteindre aux solides vertus. Attachez-vous donc au cœur du Christ crucifié qui est la Vérité même, pour en tirer le lait de la vertu qui vous donnera la vie de la grâce, et goûtez en lui ma nature divine qui fait douce la vertu. Voilà la vérité. Les vertus par elles-mêmes manquent de douceur, mais elles sont devenues douces quand elles ont été acquises en moi et qu’elles demeurent unies à l’amour divin, c’est-à-dire, quand l’âme n’a plus aucun souci de son propre intérêt, mais seulement de mon honneur et du salut des âmes.

Vois donc, ma douce Fille, combien doux et combien glorieux est cet état, où l’âme est si étroitement unie au sein de la charité, que ses lèvres ne cessent jamais d’en presser le lait, et que ce sein ne demeure jamais vide. Elle n’est jamais séparée du Christ crucifié, ni de moi le Père éternel, qu’elle trouve toujours en elle, en goûtant la souveraine et éternelle Déité. Oh ! qui comprendra quelle plénitude y puisent les puissances de l’âme ! La mémoire est