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elle nous est parvenue, témoigne qu’elle a été écrite dans l’île de la Roche. Les historiens ont noté qu’il s’agit ici du château de Rocca d’Orcia appartenant aux Salimbeni ; ils ont évoqué le séjour qu’y fit la sainte dans la dernière moitié de l’année 1377. Et dès lors, avec le P. Burlamacchi ils ont conclu que cette lettre avait été écrite en 1377 au mois d’octobre parce qu’on y parle de la fête de saint François (4 octobre). Nous nous occuperons de cette finale à la fin ; en attendant, étudions cette lettre et voyons ce qu’elle nous révèle.

Il suffit de la lire pour apercevoir aussitôt le rapport étroit qui existe entre elle et le Livre. Aussi Cartier, tout en la datant de 1377, a-t-il noté que « cette longue lettre est comme l’ébauche du Dialogue que sainte Catherine a dicté à ses disciples vers le milieu de l’année 1378[1] ».

De part et d’autre, en effet, la ressemblance est telle qu’elle saute aux yeux. Si l’on ne se contente pas de ce regard superficiel, l’on arrive à constater que cette similitude ne concerne pas seulement la doctrine théorique qui fait le fond de l’un et l’autre écrit. Cette doctrine d’ailleurs n’est pas uniquement d’ordre spéculatif et je dirais extra-temporel. Communiquée dans l’extase, elle se pose comme un fait. Or si l’on regarde à la nature de ce fait, aux éléments qui le composent, aux circonstances dans lesquelles il se produit, à tout cet ensemble d’incidences et de concordances qui déterminent une contingence, qui constituent les notes individuantes, le signalement, la carte d’identité d’un fait, l’on est amené sans peine à convenir, qu’ici et là, dans l’Épître et dans le Livre, l’on se trouve en présence d’un fait unique parfaitement identique.

Dans l’Épître, Catherine a reçu de son confesseur une

  1. Traduction française des lettres, vol. II, p. 389, en note.