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CHAPITRE VI

(93)

Du fruit des larmes des mondains.

Il me reste maintenant à te parler du fruit des larmes que fait répandre le désir.

Je commencerai par t’entretenir de celles que j’ai mentionnées au début, je veux dire les larmes de ceux qui mènent dans le monde une vie misérable et dolente, souffrant des hommes et des choses et de leur propre sensualité, au grand détriment de leur âme et de leur corps.

Toute larme, ai-je dit, procède du cœur, et telle est la vérité ; car le cœur ne souffre qu’autant qu’il aime. Aussi les mondains pleurent-ils quand leur cœur est en souffrance, c’est-à-dire quand il est privé de ce qu’il aimait ; mais, bien variées sont leurs larmes. Sais-tu combien ? Aussi variées que leurs amours.

Comme la souche est corrompue, par leur amour-propre sensuel, tout ce qu’elle produit est corrompu. C’est un arbre qui ne porte que des fruits de mort, des fleurs fétides, des feuilles souillées, des rameaux qui traînent à terre, battus de tous les vents. Voilà l’arbre de leur âme.

Comme vous êtes tous des arbres d’amour, puisque