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CHAPITRE V

(92)

Comment de ces cinq sortes de larmes, quatre sont d’une infinie variété. Et que Dieu veut être Servi comme Être infini.

Ces cinq sortes de larmes dont je viens de te parler sont comme des canaux principaux. Il en est quatre qui en contiennent une infinie variété, et toutes donnent la vie, si elles sont répandues selon la vertu. Quand je parle d’infini, je ne veux pas dire que les pleurs que vous versez, soient eux-mêmes infinis, mais je les appelle infinis, parce que infini est le désir de l’âme qui les fait répandre.

Je t’ai expliqué précédemment comment les larmes procèdent du cœur et comment le cœur les transmet aux yeux, après les avoir recueillies dans un ardent désir. Quand le bois est jeté au feu encore vert, la chaleur du feu le fait pleurer, parce qu’il est vert ; s’il était sec, on ne l’entendrait pas gémir. Le cœur, lui, reverdit sous l’action de la grâce retrouvée, qui te tire de l’aridité de l’amour-propre qui dessèche l’âme. Les larmes sont aussi provoquées par le feu, c’est-à-dire par l’ardeur du désir. Comme le désir, ne finit jamais, il ne peut être rassasié en cette vie ; mais plus l’âme aime, moins il lui semble aimer. Elle produit donc sans cesse ce