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soit extérieures, qui lui viennent des créatures, et qu’elle se trouve en butte aux tentations ou aux persécutions des hommes, son cœur est en souffrance. Aussitôt les yeux, qui sympathisent avec la douleur et la peine du cœur, se mettent à pleurer. Ce sont les larmes de tendresse et de compassion que l’âme répand sur elle-même, d’une compassion spirituelle il est vrai, mais qui n’en procède pas moins de l’amour-propre. Elle n’a pas encore foulé aux pieds et renié entièrement sa propre volonté : voilà pourquoi elle verse ces larmes sensibles, qu’une douleur spirituelle lui fait répandre.

Mais en s’exerçant et en progressant encore dans la connaissance d’elle-même, elle apprend à se mépriser et à se haïr parfaitement, en même temps qu’elle en arrive à une vraie connaissance de ma Bonté, où s’enflamme son amour. Elle commence dès lors à unir et à conformer sa volonté à la mienne, et à éprouver en elle-même, une joie et une compassion toutes nouvelles. La joie qu’elle ressent en elle, c’est de m’aimer, la compassion qui l’émeut c’est sur le prochain qu’elle se porte, comme je te l’expliquai à propos du troisième état. Elle gémit alors dans la charité qu’elle a pour Moi et pour ses frères, en s’affligeant, avec un cordial amour, de l’offense qui m’est faite et de la perte du prochain. Voilà la douleur qui est dans son cœur, et qui lui tire les larmes des yeux. Elle n’a pas un regret pour sa propre souffrance, pour son propre dommage. Bien au contraire, elle se désole de ne pouvoir rendre honneur et gloire à mon nom comme elle le voudrait,