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pour lesquelles les contemplatifs de l’École ont préparé toute une langue de convention en dehors de laquelle, semble-t-il, il est périlleux, sinon impossible, de les dire, on les entend se parler tout à coup dans le langage du peuple, dans le vulgaire, disent les érudits, à peu près comme le Verbe éternel du Père, dédaignant les pompes royales, revêtait la forme de l’esclave et choisissait de naître dans une crèche. Par un prodige nouveau, de même que l’étable s’est élargie en basilique, ce dialecte vulgaire sublimé par le même Verbe divin est devenu, sur les lèvres de cette illettrée, au contact de l’Esprit, une langue d’élection qui, dans la formation de la littérature italienne, rivalise sans effort par la pureté, l’élégance, la richesse, avec celle de Pétrarque lui-même. Tant il est vrai qu’une puissante intelligence se rend maîtresse des formes d’art par lesquelles elle s’exprime et qu’en vérité les grandes pensées font seules le grand style ! Ici, l’intelligence de cette épouse du Christ était en puissance de la Sagesse de Dieu.



La date de la composition. — Les critiques qui ont voulu déterminer la date de la composition de ce Livre se sont livrés à des inductions qui ne les ont conduits qu’à des conclusions approximatives. Raymond de Capoue, dont la chronologie est moins précise que les circonstances qui importent à la réalité même des faits qu’il raconte, a noté que « c’est deux ans environ avant sa mort qu’elle reçut de Dieu de telles clartés qu’elle se vit obligée de répandre ses lumières au dehors en les confiant à l’écriture[1] ». Préalablement il nous avait

  1. Légende, III, c. iii. La même attestation se trouve dans la légende de Thomas Caffarini et dans la déposition de l’In-