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que, pour demander conseil sur le salut de l’âme, il vaut beaucoup mieux s’adresser à l’un de ces humbles, d’une conscience droite et sainte, qu’à un orgueilleux érudit, qui a fait par ses études le tour de la science.

Celui-ci ne peut donner que ce qu’il possède. Aussi bien souvent, à cause de sa vie de ténèbres, ce n’est que dans ces ténèbres, qu’il distribuera la lumière de la Sainte Écriture ; tandis que mes serviteurs répandent la lumière qu’ils possèdent en eux-mêmes, désireux et comme affamés du salut des âmes.

Tout cela, ma très douce fille, est pour te faire connaître la perfection de cet état d’union, où l’œil de l’intelligence est ravi par le feu de ma Charité, qui donne la lumière surnaturelle. Avec cette lumière l’on m’aime, parce que l’amour suit l’intelligence. Plus l’on connaît plus on aime, et plus l’on aime plus on connaît. Amour et connaissance s’alimentent ainsi l’un l’autre réciproquement.

C’est avec cette lumière, que l’âme séparée du corps entre dans l’éternelle vie où elle me voit et me goûte en toute vérité, comme je te l’ai dit, quand je te parlai de la béatitude que l’âme trouve en Moi.

Tel est cet état très excellent, où mes serviteurs, bien qu’encore mortels, goûtent les biens immortels qui sont le partage de ceux qui sont morts. Aussi parfois elle en arrive à une union si étroite avec Moi, qu’elle sait à grand’peine si elle est dans son corps ou si elle l’a quitté. Son union avec moi lui