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CHAPITRE LIV

(84)

Comment l’âme, parvenue à l’état d’union, éprouve un désir infini de laisser sa dépouille terrestre, pour s’unir à Dieu.

Quand je me retire de la manière que j’ai dite, et que l’âme reprend conscience de son corps, cette âme, au sortir de l’union que j’avais faite avec elle et qu’elle avait faite avec moi, reporte vers moi le sentiment qu’elle éprouve en se retrouvant en son corps. En se voyant privée de cette union qu’elle avait avec Moi et séparée de la société des immortels qui me rendent gloire, pour se retrouver au milieu des mortels qui m’outragent si misérablement, elle ne peut supporter de me voir offenser par mes créatures. C’est en cela que consiste la croix du désir qu’elle endure. Cette souffrance, jointe au désir de me voir, lui rend la vie insupportable. Cependant elle ne se plaint pas, parce que sa volonté n’est plus sienne elle est devenue une même chose avec moi par l’amour, et elle ne peut vouloir me désirer rien d’autre que ce que je veux. Tout en désirant venir à Moi, elle est donc contente de rester et de demeurer en sa souffrance, si c’est ma volonté, pour procurer à mon nom plus d’honneur et de gloire et mieux coopérer au salut