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elle m’aime, et que sans cesse elle me prie, par charité, pour que je fasse miséricorde au monde. Tu vois donc bien que, pour elle, c’est fini de la souffrance, mais non de la charité. Le Verbe, lui aussi, mon Fils unique, vit finir sur la croix, avec sa vie, la peine du désir douloureux qu’il éprouvait, et dont il endura la souffrance depuis le premier moment où je l’envoyai dans le monde jusqu’au moment où il mourut pour votre salut. En lui, le désir de votre salut dure toujours, mais non la peine. Si le sentiment de la charité, que je vous ai manifestée par lui, avait cessé alors envers vous, vous ne seriez pas ; car c’est par l’Amour que vous avez été faits. Si donc, j’avais retiré par devers moi mon amour, Si je n’avais pas aimé votre être, vous ne seriez pas. Mais l’Amour, mon amour, vous a créés et mon amour vous conserve ; et parce que je suis une même chose avec ma Vérité comme aussi le Verbe incarné est une même chose avec moi, la peine du désir a bien pris fin, mais non pas le désir.

Vois, maintenant. Les saints et toute âme qui possède la vie éternelle, ont le désir du salut des âmes, sans en éprouver la peine. Leur peine s’est terminée à leur mort, mais non le sentiment de la charité. Enivrés du sang de l’Agneau sans tache, revêtus de la charité du prochain, ils passent par la porte étroite, tout inondés du sang du Christ crucifié et ils se trouvent en moi, l’Océan de paix, délivrés de l’imperfection, c’est-à-dire de l’inassouvissement, et arrivés à la perfection, où ils sont rassasiés de tout bien.