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la liberté des mouvements corporels et l’usage de ses sens ?

Outre que cette hypothèse paraît bien contraire au sentiment fondamental de son historien et des témoignages invoqués, tout le Dialogue lui-même ne proteste-t-il pas contre elle ? C’est bien dans l’extase que la sainte, ravie hors d’elle-même, se présente dès le début ; c’est toujours dans l’extase qu’elle parle : « Alors cette âme, ravie hors d’elle-même, contemplait dans la Vérité éternelle… » Il n’est pas une demande, pas une prière, pas une action de grâces, pas une intervention de Catherine au cours de ce colloque mystique où elle n’apparaisse l’esprit perdu en Dieu. Et quand le Père éternel lui répond, il commence toujours par l’appeler hors d’elle-même : « Ouvre, ma fille très chère, l’œil de ton intelligence… » Rien donc qui relève du jeu normal des facultés laissées à leur propre initiative.

Si, pour finir, nous regardons à la conclusion de l’entretien, nous y voyons le Père éternel résumer lui-même toutes les conversations avec sa Fille bien-aimée et en revendiquer pour Lui tout l’enseignement. Dans ces conditions, n’y aurait-il pas eu supercherie de la part de la sainte, à mêler à ces discours ses pensées humaines, si hautes fussent-elles, et de son propre mouvement, sans nous en prévenir !

Ainsi la pieuse crédulité des collectionneurs de reliques, en quête d’autographes de Catherine, a couru le risque de nous gâter la plus précieuse de ses reliques, le plus pur joyau qui nous reste de sa pensée et de sa vie : le Dialogue !

De cet examen, ne sommes-nous pas en droit de conclure : Catherine n’a rien écrit de son livre : elle l’a dicté tout entier à ses secrétaires. Ces secrétaires sont au nombre de trois, écrivant à tour de rôle : Étienne Maconi, Barduccio Ganeggiani, Néri Pagliaresi. Exté-