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CHAPITRE XLIX

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Comment Dieu ne se sépare jamais des parfaits, en leur retirant soit la grâce, soit le sentiment de sa présence, mais il interrompt parfois l’union.

Je te disais que ces âmes très parfaites ne perdent jamais le sentiment de ma présence en elles. Je les quitte cependant d’une autre manière, parce que l’âme, tant qu’elle est liée au corps, ne pourrait recevoir, de façon continue, l’union que je contracte avec l’âme en me laissant voir à elle. C’est pour ménager ses forces que je me retire. Je ne lui ôte ni ma grâce ni le sentiment de ma présence ; j’interromps seulement l’union entre elle et moi.

L’âme, emportée par l’angoisse du désir, court généreusement sur le pont de la doctrine du Christ crucifié. Arrivée à la porte, son esprit s’élance vers Moi nourrie et enivrée du Sang, brûlée du feu de l’amour, elle goûte en moi la Divinité éternelle. Elle se plonge dans cet Océan de paix, et son esprit n’a plus de mouvement qu’en Moi. Bien que mortelle encore, elle jouit du bonheur des immortels, et, malgré le poids de son corps, elle reçoit l’allégresse de l’esprit. Aussi maintes fois le corps est-il soulevé de terre, en raison de cette parfaite union