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veulent point déserter le champ de bataille et revenir à la maison, pour y reprendre le vêtement qu’ils ont laissé, je veux dire cet amour-propre qui cherche les bonnes grâces des créatures, et craint davantage de leur déplaire qu’à Moi le Créateur. C’est avec joie, au contraire, qu’ils demeurent dans la mêlée, tout remplis qu’ils sont et comme enivrés du Sang du Christ crucifié. Ce Sang je l’ai confié au corps mystique, à la sainte Église de ma Charité, pour être distribué avant la bataille, afin de ranimer le courage de ceux qui veulent être de vrais chevaliers, dans cette lutte contre la sensualité propre et la chair fragile, contre le monde et contre le démon. C’est avec le glaive de la haine d’eux-mêmes et avec le glaive de l’amour de la vertu, qu’il leur faut combattre leurs plus grands ennemis. Cet amour est une armure qui pare tous les coups et rend invulnérable, Si l’on ne livre soi-même à l’ennemi son bouclier et son glaive ; et c’est le libre arbitre seul, qui rend les armes, on ne se livre à l’ennemi qu’autant qu’on le veut. Ceux que le Sang a enivrés, ne se rendent jamais, ils luttent courageusement jusqu’à la mort, et mettent ainsi en déroute tous leurs ennemis.

O glorieuse vertu, que tu me plais ! Ton éclat rejaillit sur le monde, jusqu’aux yeux ténébreux des ignorants, qui ne peuvent demeurer fermés, quoiqu’ils fassent, à la lumière de mes serviteurs Dans la haine même avec laquelle ils les poursuivent, éclatent l’amour et le zèle de mes serviteurs pour leur salut. L’envie des persécuteurs fait resplendir la générosité et la charité des miens ; la