Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/318

Cette page n’a pas encore été corrigée

que j’ai essuyé qui en est cause, puisqu’il me paraît bien qu’auparavant je pratiquais davantage, avec plus de paix et de tranquillité de cœur que je le fais maintenant."

En parlant ainsi, ils sont étrangement abusés par la recherche de leur propre plaisir. Il n’est pas vrai que la tribulation soit cause qu’ils aiment moins et qu’ils pratiquent moins. Les œuvres que l’on fait dans le temps de la tribulation, ont autant de valeur par elles-mêmes, que celles qui sont faites au temps de la consolation : elles pourraient même avoir plus de prix, si l’on y joignait la patience. La vérité est que c’est dans la prospérité, qu’ils avaient mis leur joie, et l’amour qu’ils avaient pour moi tenait dans ce petit acte extérieur de vertu. Leur cœur était en paix, parce qu’il se contentait de cette œuvre de peu. Dès que vient à leur manquer la consolation qui était toute leur joie, il leur semble qu’ils ont perdu la paix qu’ils trouvaient croyaient-ils dans la pratique même de la vertu.

Illusion ! Il en va d’eux comme de l’homme qui a un jardin. Cet homme met son plaisir, à être dans son jardin, et à cultiver son jardin. Il se croit un goût décidé pour le jardinage, alors qu’il n’a vraiment d’attrait que pour le jardin.

Un événement ne tarde pas à l’éclairer sur la vérité des sentiments.

Il perd son jardin, et désormais, il ne se plaît plus à jardiner. S’il avait mis principalement son affection et sa satisfaction dans le jardinage lui-même, il ne se laisserait pas que de s’y complaire