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a ébranlés et soulevés, c’est uniquement la crainte du châtiment réservé au péché.

Dans toute cette affaire de vertu il faut de la persévérance ; sans la persévérance, l’on n’arrive pas au terme de son désir, l’on n’atteint pas la fin pour laquelle on a commencé d’agir. Non, sans persévérance, on ne parviendra jamais au but que l’on cherche ; sans persévérance, l’on ne réalisera jamais l’objet de son désir.

Tu as déjà vu comment ils sont ballotés, suivant les impulsions diverses qu’ils reçoivent. Tantôt c’est en eux-mêmes, par les assauts qu’ils éprouvent de leur propre sensualité en lutte contre l’esprit ; tantôt ce sont les créatures, dont ils subissent l’attrait, qui les emportent loin de moi dans un amour déréglé, ou dont les injures provoquent leur impatience et leur colère ; tantôt ce sont les démons qui leur livrent bataille et les attaquent de mille manières.

Parfois, en effet, le démon essaye de déprécier ce premier effort et d’en inspirer de la confusion. "Ce bien que tu a entrepris, insinue-t-il, qu’est-ce que cela, auprès de tes péchés, auprès de tes fautes ?" Il en agit ainsi pour les ramener en arrière et pour qu’ils renoncent au peu de bien qu’ils ont commencé de faire ! D’autres fois, il les provoque à s’abandonner en toute confiance à ma miséricorde. "Pourquoi tant de fatigues ? leur souffle-t-il : jouis de cette vie ; au moment de la mort il sera toujours temps de te reconnaître et d’obtenir ton pardon." Par ce moyen, le démon leur fait perdre la crainte qui les avait portés à commencer.