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CHAPITRE XIX

(49)

Comment la crainte servile est insuffisante pour acquérir la vie éternelle : Comment on arrive par cette crainte à l’amour de la vertu.

Voici ce que présentement je veux te dire. C’est moi-même qui envoie les tribulations du monde pour apprendre à l’âme que sa fin n’est pas en cette vie, que les choses terrestres sont imparfaites et périssables, que c’est Moi seul qui suis sa fin, et qu’elle doit me désirer et me choisir comme tel. Sous l’aiguillon de cette souffrance, il en est qui commencent un peu à se dégager des ténèbres, par la peine même qu’ils endurent, et aussi par la pensée de celle qui doit punir leur péché. Eperonnés par cette crainte servile, ils essaient de sortir du fleuve et de vomir le venin que leur avait inoculé le scorpion au visage d’or. Comme ils l’aimaient, non pas modérément, mais sans mesure, il leur avait jeté son venin. En prenant conscience de leur état, ils font effort pour se lever et gagner la rive, pour atteindre le pont. Mais la crainte servile ne suffit pas pour les y conduire.

En effet, balayer de sa demeure le péché mortel, sans l’orner des vertus fondées, non sur la crainte, mais sur l’amour, ce n’est pas assez pour