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CHAPITRE XVIII

(48)

Comment les mondains ne se peuvent rassasier ; et du châtiment de la volonté perverse en cette vie.

Je t’ai dit, ci-dessus, que de la volonté seule venaient toutes les peines de l’homme. Comme mes serviteurs se sont dépouillés de leur volonté pour revêtir la mienne, ils n’éprouvent aucune souffrance vraiment afflictive, et ils se sont rassasiés parce qu’ils me sentent présents dans leur âme par la grâce. Mais ceux qui ne m’ont pas ne peuvent être rassasiés, alors même qu’ils posséderaient le monde entier : car les choses créées sont moindres que l’homme, étant faites pour l’homme et non l’homme pour elles. Ils ne peuvent donc être rassasiés par elles ; c’est Moi, et Moi seul qui les puis rassasier.

C’est pourquoi ces malheureuses victimes d’un pareil aveuglement sont toujours affamées ; ils souffrent d’une faim qui jamais ne s’apaise ; sans cesse ils désirent ce qu’ils ne peuvent avoir, parce qu’ils ne me le demandent pas à Moi, qui seul puis le leur donner.

Veux-tu savoir la cause de leur tourment ? Tu sais de quelle souffrance l’amour est la source, dès que l’on perd la chose à laquelle l’on était comme