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ont fait, je le récompense en biens temporels ; ils s’y engraissent à plaisir, sans se corriger, et ils arrivent ainsi aux supplices éternels.

Tu vois bien qu’ils sont abusés, mais qui les a trompés ? Eux-mêmes ! C’est eux-mêmes, qui se ont privés de la lumière de la foi vivante, et ils vont désormais, comme des aveugles, palpant autour d’eux et s’attachant à tout ce qu’ils touchent. Mais parce qu’ils n’ont plus pour se conduire qu’un œil aveuglé, ils placent leur affection dans les choses qui passent et voilà leur erreur ! Ils font comme des fous qui ne regardent que l’or et ne voient pas le poison. Sache donc que tous les biens de ce monde, ses délices, ses plaisirs, ils les ont pris, ils les ont acquis, ils les ont possédés san moi, par un amour égoïste et désordonné. Ils réalisent parfaitement la parabole des scorpions que je te contai à tes débuts, après l’allégorie de l’arbre. Je te disais qu’ils portent l’or par-devant et le venin par derrière. Il n’y a point en eux de venin sans l’or, ni d’or sans le venin ; mais ce que l’on voit tout d’abord en eux c’est l’or, et personne ne songe à se défendre du venin, sinon ceux qui sont éclairés de la lumière de la foi.