Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/236

Cette page n’a pas encore été corrigée

monde retournaient à l’arbre, et traversaient la haie d’épines, c’est-à-dire la délibération de la volonté. Cette délibération, avant qu’elle ne soit achevée, apparaît comme un buisson d’épines sur le chemin de la vérité : c’est une lutte continuelle entre la conscience d’un côté, la sensualité de l’autre. Mais dès que, par haine et mépris de soi-même, l’on prend humblement sa résolution, et que l’on se dit : je veux suivre le Christ crucifié, on traverse d’un élan cette haie, et l’on éprouve une doceur inestimable, plus ou moins grande, en vérité, selon les dispositions et la générosité d’un chacun, comme je te l’expliquai.

Je te disais alors, tu le sais bien : Je suis l’Immuable, votre Dieu qui ne change pas. Jamais je ne me retire d’aucune créature qui veut venir à moi. Je leur ai manifesté la vérité, en me faisant visible, Moi l’Ivisible, je leur ai fait voir ce que c’est que d’aimer en dehors de moi. Mais eux, aveuglés qu’ils sont par les ténèbres d’un amour désordonné, ne me connaissent pas plus qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Vois donc quelle erreur est la leur ! Ils aiment mieux mourir de faim que de passer par quelques épines. Ils ne peuvent cependant éviter toute peine : en cette vie nul n’est sans croix, sinon ceux qui passent par le chemin du haut, non qu’ils n’y rencontrent des peines, mais pour eux les peines sont des consolations.

C’est à cause du péché, je te l’ai dit précédemment, que le monde produit des épines et des tribulations ; c’est lui, la source de ce torrent