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Ce n’est pas ainsi qu’on le verra à ce dernier instant. Il viendra pour faire le procès du monde, avec puissance, de sa propre persone. Il rendra à chacun ce qui lui est dû ; et il n’y aura aucune créature qui ne soit remplie de crainte.

Aux misérables damnés, sa seule vue causera un tel tourment, une si grande épouvante que la langue ne la saurait exprimer. Aux justes il inspirera une crainte respectueuse mêlée de joie. Non qu’il ait à changer de visage puisqu’il est immuable : immuable, selon la nature divine par laquelle il est une même chose avec moi ; et immuable encore selon la nature humaine, depuis qu’il a revêtu la gloire de la résurrection. Mais aux yeux du damné, il apparaîtra terrible, parce que celui-ci le verra avec ce regard d’épouvante et de trouble qu’il porte au-dedans de lui-même. L’œil qui est malade ne voit que ténèbres dans le soleil pourtant si lumineux, pendant que l’œil saint en perçoit la clarté. Ce n’est pas la lumière qui fait défaut, ce n’est pas le soleil qui change, qui est autre pour l’aveugle, autre pour le voyant. C’est l’œil lui-même qui est infirme, et le défaut de lumière n’est imputable qu’à lui. Aussi les damnés verront-ils mon Fils dans les ténèbres, dans la confusion, dans la haine. Ce défaut de vision sera leur fait, non celui de ma divine Majesté, avec laquelle il apparaîtra pour juger le monde.