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pour l’accuser, en toute rigueur, de son injustice et de son faux jugement, et non seulement en général, des injustices et des faux jugements dont elle a usé ordinairement dans toutes ses opérations, mais aussi et surtout de l’injustice particulière qu’elle a commise en ce dernier instant, et du faux jugement qu’elle a porté, en estimant que sa misère était plus grande que ma miséricorde. Voilà le péché irrémisible, qui n’est pardonné ni en ce monde ni dans l’autre. Elle a repoussé, elle a méprisé ma miséricorde, et ce péché est plus grave à mes yeux que tous les autres péchés dont elle s’est rendue coupable. Aussi le désespoir de Juda, fut-il plus offensant pour Moi, et plus douloureux pour mon Fils que sa trahison elle-même.

Ainsi l’âme pécheresse est accusée de ce faux jugement qui lui a fait estimer son péché plus grand que ma miséricorde et, pour cette raison, elle est punie avec les démons et tourmentée éternellement avec eux. Elle est accusée aussi de l’injustice qu’elle a commise en se montrant plus sensible à sa perte qu’à mon offense. Il y a là vraiment une injustice, car elle ne m’a pas accordé à Moi, ce à quoi j’avais droit, et à elle-même, ce qui lui était dû. Elle me devait à moi l’amour ! Quant à elle, elle ne pouvait prétendre qu’à la douleur et au repentir du cœur, qu’elle devait offrir en ma présence, pour l’offense qu’elle m’avait faite. Bien au contraire, c’est à elle qu’elle donne tout son amour, elle n’a de compassion que pour elle-même, de douleur que de la peine que lui a attirée son péché. Tu vois