Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée

des eaux du fleuve, pour prendre le chemin du pont, en suivant la doctrine de ma Vérité.

Les hommes sont donc sans excuse, puisque mes réprimandes n’ont point de relâche et que continuellement je leur fais voir la vérité. S’ils ne se corrigent pas pendant qu’il en est temps encore, ils seront condamnés dans la seconde accusation, que je lancerai contre eux, au dernier instant de la mort, quand ma justice leur criera : Morts, levez-vous et venez au jugement ! Surgite mortui, venite ad judicium. C’est-à-dire : Toi qui es mort à la grâce et vas mourir à la vie corporelle, lève-toi, viens comparaître devant le souverain Juge, avec ton injustice, avec ton faux jugement, avec la lumière éteinte de la foi, cette lumière que tu as reçue toute allumée dans le saint baptême et que tu as étouffée par le vent de l’orgueil et de la vanité du cœur. Ton cœur, tu l’as tendu comme une voile à tous les souffles contraires à ton salut ! Oui, la voile de l’amour-propre, largement ouverte à tous les vents de la flatterie, tu as descendu le fleuve des délices et des grandeurs du monde, t’abandonnant, bien volontairement, aux séductions de la chair fragile, aux artifices et aux pièges du démon.

En soufflant dans la voile de ta volonté propre, le démon t’a conduit par le chemin d’en dessous, dans le torrent qui ne s’arrête plus, et il t’a entraîné avec lui dans l’éternelle damnation.