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prochain. Quand il voit l’infidèle, sans espérance en moi, — car celui qui ne m’aime pas ne peut avoir foi ni confiance en moi, il ne croit et n’espère qu’en sa propre sensualité qui lui prend tout son amour — mon serviteur fidèle ne laisse pas cependant de l’aimer fidèlement et avec l’espérance de chercher en moi son salut. Ainsi donc l’infidélité des uns et leur manque d’espérance servent à manifester la foi du croyant.

En ces occasions et d’autres encore où la vertu de foi a besoin de s’affirmer, le croyant en fournit la preuve pour lui-même et à l’égard du prochain. Non seulement la justice n’est pas amoindrie par les injustices d’autrui, mais aussi les injustices reçues démontrent que le juste se maintient dans la justice par la vertu de patience, de même que les emportements de la colère qui assaillent la bénignité et la mansuétude manifestent pareillement que ces vertus sont accompagnées de la douce patience ; à leur tour l’envie, l’aversion, la haine mettent en évidence la dilection de la charité, le désir et la faim du salut des âmes.

Non seulement la vertu s’affermit en ceux qui rendent le bien pour le mal, mais, je te le dis, souventes fois l’épreuve fait d’eux des charbons ardents, tout brûlants du feu de la charité dont la flamme consume la haine et les ressentiments jusque dans le cœur et l’esprit du méchant irrité, transformant ainsi l’inimitié en bienveillance. Telle est l’efficacité de la charité et de la parfaite patience en celui qui est en butte à la colère du méchant et