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rangés comme les autres sou# la dénomination de Fan-kouaï, ou barbares étrangers. Dire tout ce qu’on eut à subir d’avanies serait trop long. A la Révolution. la Compagnie des Indes fut supprimée. Il n’y avait plus de raison pour ne pas demander une suppression analogue, et par le traité entre la France et la Chine, daté dj Wampoa le 24 octobre 1844, négocié par le baron Lagrené, la corporation privilégiée des hanistes établie à Canton cessa d’exister ; les cinq ports de Kouang-tong (Canton), Hia-men (Amoy), Fou-chou ou Fo-lcheou, Ning-po et Chang-hai furent librement ouverts & notre commerce. Ce traité fut promulgué par l’ordonnance du 22 novembre 1845 (V. les textes dans le Rec. général des traités, de Fr. Murhard VII, p. 431 et 480).

Au commencement du XVIIIe siècle, Fou-tchou, l’entrepôt général des thés du pays producteur, était donc obligé d’envoyer ses thés à Canton. Les thés de Bohea étaient obligés de faire un trajet de près de 180 myriamètres pour arriver à Canton. Maintenant, les négociants français pourront se diriger directement sur le port de Fou-tchou. Mais alors il n’en était pas ainsi. C’est donc nécessairement un hong de la ville de Canton que représente ce tableau où des subrécargues de la Compagnie des Indes, assistés de leur linguiste, sont peints s’abouchant avec des hanistes pour conclure un important marché de thé. Si les ligures chinoises, par la manière dont elles sont dessinées, excitent parfois notre hilarité, et si nous les traitons de magots, les Chinois, plus malins qu’on ne pense, savent prendre leur revanche : il faut bien convenir que les barbares Falan-si sont représentés ici sous le plus bizarre aspect ; il ne faut pas trop s’en fâcher. Les Européens, vôtus du costume bourgeois de la lin du règne de Louis XlV, avec leurs culottes courtes, leurs habits de couleurs et leurs étranges bonnets blancs, devaient non moins exciter l’hilarité des habitants de l’Empire du milieu.

Les agents de la Compagnie des Indes, après avoir examiné avec attention la qualité des feuilles de thé que leur présente un domestique, concluent le marché. L’acquisition est faite. La remise leur est effectuée. Les paniers de thé sont vidés sous la surveillance des acquéreurs, et les feuilles, s’élevant en monceau, remplissent tout un appartement.

23. — La feuille achetée est emportée dans de grandes caisses carrées ; des Chinois y entassent le thé, l’y foulent avec les pieds, puis on les cloue à coups de marteau.

24. — Le magasin de la factorerie française s’emplit de caisses qu’on ferme et qu’on cloue solidement en présence des acquéreurs.

25. — Un Chinois les étiquette au pinceau ; d’autres avec un papier dé-