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L’atlas du Musée de Rennes a dû être peint dans le Tehin ou bourg de King-tè, car la vue d’ensemble qui forme la première- planche concorde tout-à-fait avec la description qu’on en lit dans les lettres du P. d’Entrecolles et l’ouvrage du P. Duhalde.

Quelques mots d’abord sur l’historique de cette manufacture, d’après M. Stanislas Julien, qui donne une longue suite de fabricants. Elle était déjà célèbre sous la dynastie des Tchin (577-588) pour sa porcelaine. Dans la période de King-tè, de la dynastie des Song (1004-1007), une fabrique impériale y fut établie pour fournir aux besoins de l’empereur Tchin-tsong ; elle prit alors le nom de King-tê-lchin, c’est-à-dire bourg de la période de King-tè. Sous les empereurs mongols (1260-1368), le gouverneur général de Kian-si fut nommé inspecteur de la porcelaine de Kingtè-tchin (1324-1327), et enfin, en 1639, un mandarin fut chargé par le nouveau pouvoir impérial des Ming de la direction de cette manufacture. La fabrication se poursuivit avec le même snccès sous la dynastie des Tsing ou Tartares mandchoux. Thsang-ing-youen, directeur des manufactures impériales sous l’empereur Kany-hi (1662-1722), fit quatre espèces de porcelaines justement appréciées ; c’est à cette époque que le P. d’Enrrecolles, missionnaire français. y dirigeait une chrétienté, et dans sa lettre du 1er septembre 1712, p. 229, décrivait ainsi ce bourg si remarquable :

« Il ne manque à King-tè-chin qu’une enceinte de murailles pour avoir le nom de ville et pour être comparée aux villes même les plus vastes et les plus peuplées de la Chine. Ces endroits nommés Tchin, qui sont en petit nombre, mais qui sont d’un grand abord et d’un grand commerce, n’ont point coutume d’avoir d’enceinte, peut-être afin qu’on puisse les étendre et les agrandir autant que l’on veut, peut-être afin qu’il y ait plus de facilité à embarquer et débarquer les marchandises. On compte à King-té-tchin 18,000 familles. 11 y a de gros marchands dont le logement occupe un vaste espace et contient une multitude prodigieuse d’ouvriers ; aussi l’on dit communément qu’il y a plus d’un million d’âmes. An reste, King-té-tchin a une grande lieue de longueur sur le bord d’une belle rivière. Ce n’est point un tas de maisons comme on pourrait se l’imaginer : les tues sont tirées au cordeau, elles se coupent et se croisent à certaines distances, tout le terrain y est occupé, les maisons n’y sont même que trop serrées et les rues trop étroites. En les traversant , on croit être au milieu d’une foire ; on entend de tous côtés les cris des portefaix qui se font faire passage. La dépense est’ bien plus considérable à King-té-cbin qu’à Jao-té-tchéou, parce qu’il faut faire venir d’ailleurs tout ce qui s’y consomme, et même le bois pour entretenir le feu des