Page:Catalogue raisonné du Musée d’Archéologie et de Céramique.djvu/425

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 415 —

de feld-spath et de quartz entrelacés, qu’on nomme pegmatite ; 2° d’une autre sorte de terre blanche, 1 e kao-lin, dont on trouve les dépôts au sein des montagnes, sous des couches de sable rougeâtre, et à l’égard de laquelle on pratique la même opération de pétrissage ; c’est une silice alumineuse. Le kao-lin chinois contient aussi de la sléatite ou pierrex ollaire, qui lui est naturellement mêlée, et qui contribue à donner plus de transparence et de légèreté à la pâte. La porcelaine n’est possible qu’en mélangeant ensemble les carreaux de kao-lin et les briques de pètun-tsé. On fait aussi entrer dans la composition de la pâte, pour en aug-. monter la fusibilité, 3 ou 4 % de gypse ou sulfate de chaux (ché-kao). de la chaux et de la potasse provenant des cendres de fougères. La pàte-doit ensuite être revêtue d’un vernis (tsf). Cette glaÿure ou couverte (en chinois yen) se tire des roches feld-spathiques les plus blanches ; c’est du pè-tun-tsé pulvérisé.

La porcelaine se fabrique dans diverses villes de la Chine, entre autres à Tchao-king-fou, ville située à l’Ouest de Kouan tchéou-fou, capitale de la province de Kouan-ton, que les Européens appellent Canton. C’est lâ que se font surtout les pièces exécutées pour les Européens sur des modèles et des dessins par eux fournis, et que nous nommons ordinairement pour ce motif, soit porcelaines de commande, soit porcelaines des Indes, parce qu’elles parvenaient par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes ; mais ce n’est point là qu’il faut chercher l’art sérieux de la Chine ; d’ailleurs, les produits de Tchao-king-fou sont en général réputés d’une fabrication inférieure. Les grands établissements industriels, ainsi que la ’ manufacture impériale, sont situés à King-tè-lchxn, bourg immense situé à l’Est du lac Po-yang, à une lieue de la ville de Fou-liang, à dix-huit lieues et dans la dépendance de Tao-tchéou, province de Kiang-si, qui a pour capitale Nan-tchang-fou. C’est cette dernière ville, située au Sud du lac Po-yang, qui est le grand marché des produits manufacturés à King-té-tchin, qu’on y transporte par le lac. A raison de leur beauté, ces produits effacent tous les autres. 11 est vrai qu’on fait aussi à King-tè-chin des porcelaines spéciales pour le marché européen. On les nomme Yang-khi, vases pour les étrangers, plus littéralement vases pour la mer, parce que les marchands de Canton les achètent pour les revendre aux diables maritimes, noms que les Chinois donnent aux étrangers. C’est généralement de la porcelaine blanche qu’on apporte soit de Tchao-kingfou, soit de King-tè tchin.à Canton, pour y être décorée ; ce sont des services purement destinés à l’exportation ; mais les pièces de grand choix, pour la forme et le décor, sortent exclusivement des ateliers de King-té-tchin, si fameux dans l’Extrême-Orient, que les Japonais eux-mêmes viennent y faire d’importantes acquisitions.