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armée d’un taillant avec lequel on coupe le bord des feuilles pour les rendre toutes égales. Cet instrument prend souvent les formes les plus élégantes. On écrit de droite à gauche. Lanjuinais, dans ses Rech. sur les langues des Indiens, IV, 111, et l’abbé Dubois, dans ses Mœurs, inst. et cér, des peuples de l’Inde, II, 121, décrivent la pose de l’écrivain et comment il procède. Les Indous sont accoutumés à écrire debout et en se promenant, serrant leur oie avec le pouce et l’index de la main gauche, la feuille appuyée sur le doigt du milieu, et de la droite gouvernant le style, enfoncé dans une cavité pratiquée dans l’ongle du pouce de la main gauche, ongle qu’ils laissent croître tout exprès. En écrivant, le poinçon ne court pas sur la feuille comme notre plume sur le papier, mais après avoir tracé un ou deux mots, l’écrivain, fixant le bout de son instrument sur la dernière lettre, pousse la feuille de droite à gauche et la fait reculer dé cette manière jusqu’à la fin de la ligne. Dans cet état, on les voit écrire ou plutôt graver avec une rapidité qui étonne. Pour que les lettres, si variées dans leur configuration, soient visibles, on les colore en noir, soit avec une encre composée de poudre de charbon broyée A l’huile, soit avec de la bouse de vache. Le Magasin pittoresque, t. XXXII, p. 167, donne le dessin de la position des mains, dont l’une lient le papier tandis que l’autre grave en tenant le style de fer, d’après une gravure du R. Elijah Hoole, missionnaire anglican, publiée à Londres en 1829 dans son Personal narrative of a mission to the south india from 1821 to 1828. Les feuilles écrites, placées les unes au-dessus des autres, sont reliées entre elles à chaque extrémité par un cordonnet de coton qui traverse le cahier dans toute son épaisseur. Ce qu’on appelle un livre n’est qu’un certain nombre de feuilles sèches et longues sur lesquelles les caractères sont tracés, puis ensuite ainsi enfilées par les deux bouts. Les cordons aboutissent à deux petits ais de bois plus larges et plus longs que les feuilles, et par ce moyen les préservent. On ferme le livre et on l’attache en serrant les cordons. 11 y en a de très-volumineux, et c’est ainsi que les Indiens ont conservé leurs plus anciens ouvrages. On peut en voir des modèles dans VMist. de la navigation de Jean Hugues de Linschot, Hollandais, t. II, pl. de la p. 267, où sont représentés des livres des Malabares. Dans leur correspondance, les Indiens roulent des feuilles de palmier sur lesquelles ils ont écrit leur missive ; ils les Insèrent ensuite dans une autre feuille pliée en forme de gros anneau sur laquelle ils mettent la suscription. A la jonction des deux extrémités de cette feuille, qui a lieu au moyen d’une petite incision pratiquée à chacune, on fait une espèce de gros nœud façonné d’une certaine manière, et qui tient lieu de sceau. Les oies du cabinet de Rennes, pliées en rond, sont de cette dernière espèce.