Page:Catalogue raisonné du Musée d’Archéologie et de Céramique.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 122 —

médaillon est encadré par une bordure où est figuré le triomphe du dieu du vin sur celui de la force, l’orgie sacrée ou bacchanale. Autour et sur le bord de la coupe sont encastrées seize monnaies d’or d’empereurs de la famille des Antonins, qui en achèvent la décoration intérieure.

C’est le 26 mars 1774 que cette magnifique patère fut découverte à Rennes par des maçons, en creusant les fondements d’une maison du Chapitre, au côté oriental de la place de la Vieille-Monnaie. Elle était enfouie avec quatre-vingt-quatorze monnaies d’or d’empereurs, depuis Néron jusqu’à Aurélien, trois pendants de colliers composés de monnaies d’or de Postume, enchâssées dans des encadrements découpés à jour en filigrane, une chaîne d’or avec agrafe et porte-agrafe, une fibule ’d’or ornée de trois rangs de perles, le tout pesant 8 mars 5 onces 4 gros. Les officiers de la Monnaie royale prétendirent « que le voisinage de la place » nommée de la Monnoye donnoit lieu de croire que ces pièces etoient » des effets autrefois apportés au change de l’ancienne Monnoye. » Sous ce prétexte, ils ourdirent une procédure dont le but, annoncé par un réquisitoire du procureur du roi, était de saisir le tout et de l’envoyer à la Monnaie de Nantes pour y être converti en espèces. Fort heureusement pour l’archéologie, les chanoines firent reconnaître leurs droits, et par un désintéressement le plus louable, le Chapitre de Rennes remit ces objets au duc de Pcnthièvre, gouverneur de la province, avec prière de les présenter au roi, qui les fit placer dans le cabinet des médailles. La patère soustraite en 1831, comme on l’a raconté dans l’Avis pril., p. 7, retrouvée dans la Seine, où elle avait été jetée, fut réintégrée dans le dépôt d’où elle avait été ravie, et l’on voit aujourd’hui toutes ces richesses réunies au Cabinet national. L’on sait dès lors pourquoi les yeux n’aperçoivent ici qu’une gravure, faible .image de cette splendide découverte. (Voy. Ogée, Dict. de Bret., 1™ éd., IV, 29 et 21 ; et 2® éd., Il, 447. — Cointreau, Dissertation lue à l’Institut en l’an IX et publiée en l’an X, avec une gravure représentant cette patère.— Millin, Monum. inéd., I, p. 225, pl. 24 , 25 , 26 , 27 ; et Dict. des Beaux-Arts, III, v° Patère, p. 99, 100. — De la Porte, Rech. sur la Bret., Il, 8. — Guignault, sur la Symb. de Creuzer, t. IV, 2* part., p. 305, pl. 194, fig. 685, lith. d’après Cointreau. — Ducrest de Villeneuve et Maillet ; Hist. de Rennes, p. 21.—Toulmouche, Hist. arch. de l’époque gallo-romaine de Rennes, p. 291, pl. XVIM», lith. d’après Cointreau.— Marteville, Hist. de Rennes, I, 12.— Magasin pittoresque, 1851, p. 199, avec une gravure sur bois.l