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POÉSIES LIBRES


Pendant longtemps la troupe rebutée
Ne troubla point les plaisirs du vainqueur ;
Mais à la fin, d’un doux espoir flattée,
Elle revint à l’attaque d’un cœur,
Qu’elle croyait aussi facile à prendre
Que tous les cœurs de nos femmes de bien.
On ignorait l’invincible moyen
Que notre Alix avait pour se défendre.
On fit venir près d’elle tour à tour
Ces gens charmants qui ne mettent leur gloire
Qu’à vaincre un jour, puis chanter leur victoire.
Soins superflus ! rebelle à leur amour,
L’or même, l’or ne put obtenir d’elle
Ce que toujours il obtient d’une belle.

Lasse à la fin de sa nombreuse cour,
Elle voulut mettre un terme à son zèle,
Et repousser d’une façon nouvelle
Ce peuple amant qui venait chaque jour
La tourmenter et la nommer cruelle.
Elle voulut donner une raison
Pour excuser sa longue résistance,
Mais raison telle, et de telle évidence,
Que s’en tenant à si bonne leçon,
On ne vînt plus lui faire violence,
Ni déranger la paix de sa maison.

Elle fit faire en grandeur naturelle,
Par un artiste habile complaisant,
De son époux une image fidèle.
Ce beau portrait était intéressant.
Ce n’étaient point les traits de sa figure,