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POÉSIES LIBRES


Ce serait prendre un inutile soin.
Un d’eux bientôt obtint la préférence ;
Et pour sauver sa trop faible innocence,
D’un prompt hymen Alix eut grand besoin.
Son père était homme d’expérience,
Il se disait en voyant leurs amours :
— Son cœur est pris, le reste est sans défense,
Il faut voler bien vite à son secours.

Si cet amant me donne l’espérance
De voir ma fille heureuse pour toujours,
N’hésitons pas, et de ma vigilance,
De mes frayeurs n’allongeons pas le cours.
L’examen fait avec soin et prudence,
Sur chaque point a comblé tous ses vœux,
L’amant aimé promet une constance,
Gage certain du bonheur de tous deux ;
Il est bien fait, aimable et généreux,
Riche de plus et de haute naissance ;
Pour nos enfants trouvant tels amoureux,
Ce serait bien de quoi nous satisfaire.
Mais ce fut trop pour notre digne père,
Il voulut voir, voir de ses propres yeux,
Si pour forcer sa fille à rester sage,
Son gendre avait ces talents merveilleux
Qui, selon lui, fixaient une volage,
Ces dons brillants, dont le fréquent usage,
De deux époux fait des amants heureux.
Il voulut voir… et ne vit que miracles.
Bien sûr alors de la vertu d’Alix,
À leur hymen il ne mit point d’obstacles ;
Et des époux lui donna le Phénix.