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POÉSIES LIBRES


Et tour à tour, séduit avec adresse,
Par votre amant et par votre faiblesse,
Par vos désirs et par votre miroir,
À chaque instant forcé de vous défendre,
Du piège adroit d’un heureux séducteur,
Il vous faudrait, pour ne jamais vous rendre,
Ou plus de force, ou n’avoir pas un cœur.

Il est pourtant quelques femmes prudentes
Qui, nous dit-on, échappent à ces lois.
Boileau, cherchant ces vertus étonnantes,
Dans Paris même, en compta jusqu’à trois.
C’était beaucoup, et maintenant je pense
Que, pour aider leur fragile innocence,
Elles avaient quelque secret moyen
Qui les faisait persister dans le bien.

Ces ruses-là, ces heureuses recettes
Ne doivent point, amis, rester secrètes
Quand on les fait, il faut les indiquer.
J’en connais une, et je croirais manquer
À mes devoirs, à la vertu des dames,
Si mon secret, facile à pratiquer,
Restait toujours un secret pour nos femmes.
L’exemple seul peut le bien expliquer.
C’est pour cela qu’en historien fidèle,
Sans plus longtemps du sujet m’écarter,
Discrètement je vais le raconter.

Alix était aussi jeune que belle,
Ses yeux charmants promettaient le plaisir ;
Partant, Alix inspirait le désir.
Dire qu’elle eut mille amants d’importance,