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aux plus grands malheurs: « Priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient, afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux. »[1]

C’est ici qu’il faut aux Pasteurs une prudence consommée pour ne porter personne au découragement et au désespoir, en faisant connaître d’une part la difficulté. Et de l’autre la nécessité de ce devoir. Car il en est qui, comprenant fort bien qu’ils doivent ensevelir les injures dans un oubli volontaire, et aimer ceux qui les ont offensés, désirent de le faire, et le font en effet autant qu’ils le peuvent. Mais cependant ils se sentent dans l’impossibilité d’épuiser jusqu’au dernier souvenir des injures reçues, et parce qu’ils trouvent encore dans leur cœur certains restes d’inimitié, ils s’agitent et se tourmentent d’une manière terrible, craignant de n’avoir point pardonné avec assez de franchise et de sincérité, et d’avoir ainsi résisté au commandement de Dieu.

C’est alors que les Pasteurs devront expliquer clairement l’opposition constante de la chair et de l’esprit. La chair est portée à la vengeance, mais l’esprit est enclin au pardon. De là entre eux ces luttes incessantes, ces combats sans trêve. Ils diront et enseigneront aux Fidèles qu’ils n’ont rien à craindre pour leur Salut, malgré l’opposition et les combats de la nature corrompue contre la raison, pourvu que l’esprit persiste dans le devoir, et dans la volonté sincère de pardonner les injures et d’aimer le prochain.

Que si, par hasard, il s’en rencontrait quelques-uns, qui n’auraient pu se résoudre encore à oublier les injures reçues, et à aimer leurs

  1. Matth., 5, 44.