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que tuer un homme ? pour marquer qu’à leurs yeux, il n’y avait pas de différence. En effet, prêter à usure, n’est-ce pas, en quelque sorte, vendre deux fois la même chose, ou bien vendre ce qui n’est pas ?

Sont coupables aussi de rapine ces juges à l’âme vénale, qui vendent la justice, qui se laissent corrompre par l’argent et les présents, et font perdre les meilleures causes aux petits et aux pauvres.

Il en est de même de ceux qui trompent leurs créanciers, qui nient leurs dettes, ou qui, ayant obtenu du temps pour payer, achètent des marchandises sur leur parole, ou sur la parole d’un autre, et qui finalement ne paient point. Leur faute est d’autant plus grave, que les marchands prennent occasion de leur infidélité et de leurs tromperies pour vendre tout beaucoup plus cher au détriment de tous. C’est bien à eux que semble s’appliquer cette plainte de David: « Le pécheur empruntera, et il ne paiera point. »[1]

Que dirons-nous de ces riches qui poursuivent des débiteurs insolvables, leur réclament avec la dernière rigueur ce qu’ils ont prêté, et ne craignent pas de retenir pour gage, contre la défense de Dieu, même les choses qui sont nécessaires à ces malheureux ? « Si vous prenez en gage, dit le Seigneur, le vêtement de votre prochain, vous le lui rendrez avant le coucher du soleil, car c’est le seul qu’il possède pour se couvrir et sur quoi dormir. S’il crie vers Moi, Je l’exaucerai parce que Je suis miséricordieux. »[2] Nous n’avons donc pas tort d’appeler rapacité, et par conséquent rapine, la dureté de créanciers si cruels.

Les saints Pères mettent aussi au nombre des

  1. Psal., 36, 21.
  2. Exod., 22, 26.