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emportés par la circulation, et, arrivés dans le parenchyme des organes, une simple transformation cellulaire s’effectue.

Les globules de Cruveilhier et les débris du professeur allemand peuvent être considérés comme des embolies, puisqu’ils produisent les mêmes effets. La manière dont se produisent ces effets est diversement interprétée, et divise seule les deux savants ; mais ici, je me range du côté de la théorie de Virchow, elle me paraît la plus satisfaisante ; d’ailleurs, les expériences auxquelles j’ai assisté, m’autorisent à l’admettre.


Nature de la phlébite. — La phlébite, arrachée de l’obscurité et présentée au monde médical, exigeait une place dans les cadres nosologiques, il lui fallait un nom. Cette place, Hunter la lui assigna en lui donnant une nature inflammatoire ; Breschet, plus tard, lui accordait le nom de phlébite. Hunter, persuadé que la phlébite était une inflammation de la membrane interne des veines, considérait cette maladie comme une affection toujours locale au début, née le plus souvent de causes traumatiques, pouvant offrir plusieurs degrés, depuis la simple obturation jusqu’à l’infection purulente. L’opinion du grand chirurgien anglais eut le succès de toutes les opinions émises et soutenues par l’autorité du talent. Elle fut admise universellement, et, comme les doctrines de Haller, de Broussais, de Rasori et de Brown, elle subjugua, entraîna les convictions ; la phlébite et l’inflammation devinrent inséparables, l’une n’avait pas de raison d’être sans l’autre. Les médecins, enthousiasmés par cette théorie séduisante se sont laissé entraîner à des excès ; ils ont méconnu, sacrifié la véritable signification des faits les mieux observés, à un phénomène imaginaire, insaisissable.

Cruveilhier écrivait déjà que l’inflammation des veines