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appendice

Il est à noter que dans les manuscrits français où l’on nous indique cette version en prose, elle n’a ni le Beuves d’Aigremont ni la mort de Bertolais et qu’elle commence par l’introduction de l’épisode des Ardennes, d’après la version A P, telle qu’on l’a dans le fac-similé que nous en avons donné : je parle des deux manuscrits en prose de la Bibliothèque Nationale, des manuscrits Royal 16 G II et Royal 15 E VI du British Museum et du ms. 743 de la Bibliothèque municipale de Troyes.

La version en vers qui a servi de base à la prose commençait comme les quatre manuscrits A P M Metz, se séparait de A P pour suivre M Metz à l’endroit où cette version se sépare de A P (après l’adoubement de Renaud et de ses frères), mais suivait la version A P à partir de l’épisode des Ardennes (v. le fac-similé) jusqu’à la fin, à l’exception de la captivité de Charlemagne à Montauban, où elle reproduisait l’ancienne » version La Vallière (L.). Ainsi elle avait de commun avec M Metz le remaniement de la seconde partie du Beuves d’Aigremont qui relie mieux que dans A P ou B C V cette branche au reste du poème ; et elle avait comme A P de commun avec B C V les parties les plus intéressantes de cette version, épisode de la chasse et délibération des conseillers du roi Ys. La reprise de L pour la captivité de Charlemagne était d’un esprit judicieux. Avec A P elle avait le tort d’altérer la légende pieuse en arrêtant le corps du Renaud à Creoigne au lieu d’aller jusqu’à Tremogne (Dortmund). Comme A P, elle respectait les parties essentielles de L. La confusion de Bayard et d’un cheval liard s’y trouvait sans doute déjà à la fin de la captivité de Charlemagne à Montauban.

Dans toutes les éditions imprimées de la prose, depuis l’incunable de 1480 jusqu’à celles de MM. Bachmann et Maurice Bauche, j’ai constaté certaines lacunes. Au commencement, il manque une ou plusieurs lignes. J’ai proposé de compléter ainsi : « A laquelle journée et desconfiture morut [Baudoin. A la court, ce jour, estoient venus] grant noblesse de roys, etc. » (Revue des L. Rom. 1908, p. 498). J’avais noté également qu’à l’entrée de Charlemagne en Gascogne la prise de Montbendel est supprimée dans les éditions en prose, bien que plus loin Yon dise à Renaud : « Sachez que j’ai été à Monbendel et que j’ai parlé à Charlemagne » (éd. Maurice Bauche. p. 90, Bachmann, p. 107). Mais une lacune beaucoup plus considérable m’avait échappé.

Lorsque Maugis a réconforté sa mère en lui promettant de venger son père, avec l’aide de ses oncles et de ses cousins, le narrateur continue : « Maintenant nous laisserons les gens d’Aigremont à leurs larmes et à leurs lamentations, et retournerons au traître Griffon et à son fils Ganelon, qui avec leurs gens s’en retournèrent à Paris. » La matière de ce qui devrait suivre, est résumée au sommaire du chapitre suivant, mais elle est omise, et peut-être précisément parce qu’elle est résumée longuement (v. p. 20, ch. ii) ; mais dans l’édition allemande il n’en reste rien, ni mention ni résumé (p. 25-26). Or ce passage est un des plus importants, car il caractérise la version M-Metz qui à cet endroit sert de base à la rédaction en prose.