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appendice

Baiars l’entendi bien que fées l’ont fe.
Des piez derier le fiert, si l’a bien asené
C’une lance tenant l’a detrier lui rué ;
A .i. perron le fiert, tot est escervelé.
L’ame en ont [en] portée li deable maufé.

Les Français se félicitent de sa mort, et on laisse passer les deux chevaliers :

[Li] ostel furent pris, si furent ensieré,
El vies marcié se sont povrement ostelé
Chies .i. cordoanier qui moult ot mal pensé.

Aux questions de l’hôte, Maugis répond que le cheval est trop desréé, et que le jeune homme est son fils : il n’y a pas encore un an qu’il l’a adoubé. Quand l’hôte veut dénoncer Renaud, le chevalier lui fait sauter la tête d’un coup d’épée. Maugis est mécontent, traite son cousin d’enragé. Ils montent en selle. Mais les enfants du mort crient que Renaud leur a tué leur père. Les Français s’arment partout, et le roi lui-même qui a entendu le bruit, monte à cheval et sort avec ses hommes. — Dans P c’est le prévôt. — Renaud se mêle avec les autres princes, mais voudrait éviter le roi. Bayard allait tout clochant. Renaud s’adresse à son cousin :

« Issons nos en de ça, nes aion encontré !
Se li rois nos encontre, à mort somes livré. »
« Cousin, dist Amaugis, as tu le sens dervé ?
Se tu vas destornant, par ma crestienté,
5Tu seras tantost pris, ja n’en ert destorner.
Mais sui moi vistement contreval la cités ;
Je te menrai, je cuit, moult bien à saveté. »
Et Amaugis aloit criant, le front levé :
« Or sus ! or sus ! dist il, trop avons demoré.
10Honi soit hui li rois se ne sont afolé,
Et se ne sont pendu et vilment traïné. »
Renaus aloit criant contreval la cité.
Il ne se tenist mie por les menbres [coper].
Une foïe a ris, à l’autre a tremblé.
15Atant es .i. borgois, [fu] cras et borsoflé.
Bien reconut Maugis à ce qu’il a parlé.
Hautement escria à moult grant crualté ;
« A foi, fil à putain, mal vos estencontré.
En mon ostel vos ai longuement sejorné ;
20Si vos ai moult servi et sovent......,
Mon or et mon avoir en plusior [jor] presté ;
Por vos on m’a sovent fol et cuvert clamé.