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les quatre fils aymon

de Chilpéric et à Gondovald devaient, à leur tour, s’assimiler une partie de la légende et de l’histoire de Charles Martel pour s’épanouir en une composition dernière, les Fils Aymon, arrière floraison de toute notre épopée.

Au lieu de s’étonner de la difficulté que nous rencontrons à discerner, à dissocier et à déterminer avec sûreté les éléments hétérogènes fondus dans le résultat définitif d’un long travail d’élaboration qui s’est continué pendant plusieurs siècles, l’on doit plutôt admirer qu’il soit resté tant de traces apparentes du fond antique, et cela s’explique seulement par la haute valeur épique des éléments ainsi conservés et demeurés reconnaissables.

Que deviennent ceux qui ont livré Gondovald ? On sait que Roland ferait pendre le roi traître si Renaud ne l’arrachait à l’escorte qui menait Yon dans la plus humiliante des postures. En fait, Leudegisile ne tint aucune de ses promesses. Le roi Gonthramn lui intima l’ordre de mettre à mort les partisans de Gondovald. Waddo et Chariulf, laissant leur fils pour ôtages, prirent la fuite[1] ; Mummolus mourut bravement en se défendant contre ses meurtriers, et l’évêque Sagittarius fut tué d’un coup d’épée qui lui enleva la tête avec le chaperon sous lequel il essayait de cacher son visage : dum obtecto capite fugere niteretur, extracto quidam gladio caput ejus cum cucullo decidit[2]. Cela fait penser à la scène brutale et comique où Roland découvre le roi Yon, dans l’abbaye,

Par devant une image, gisant a orison :
Le froc avoit vestu, el cief le caperon.
En un sautier murmure, ne savoit o ne non.

  1. Desiderius, satisfait sans doute de la part qu’il avait prise à Toulouse des trésors de Rigunthis, avait abandonné Gondovald dès la retraite sur Convenæ, VII, 34. Il s’était retiré alors dans son camp. Le roi Gonthramn finit par se réconcilier avec lui. VIII, 27. Waddo se rendit auprès de Brunehilde : Ab ea susceptus cum muneribus et gratia est dimissus. Chariulf s’était réfugié dans la basilique de Saint-Martin. VII, 43. Le roi Gonthramn voulait surtout châtier les évêques qui avaient suivi Gondovald. La maladie l’empêcha de donner suite à ce projet. VIII. 2, 6, 1, 20. L’évéque Bertchramn mourut de maladie. Ibid. 22.
  2. Gregor. Turon. VII, 39.