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les quatre fils aymon

« Je ne saurais accepter ainsi, répondit Gondovald, que les dons que tu m’as faits et dont j’ai usé avec amour pour toi, me soient enlevés ». Mummolus lui assurait qu’il n’avait rien à craindre. Il sort, la porte se referme derrière lui et il se trouve en présence d’Ollo, comte de Bourges, et de Boso. Il fait une courte prière et part avec ces hommes. Quand ils furent à quelque distance, comme la vallée forme un précipice autour de la ville, « Ollo le poussa et le fit tomber, puis s’écria : Voilà votre Ballomer qui se prétend frère et fils du roi. Et il voulut le percer de sa lance, mais elle fut repoussée par les cercles de la cuirasse et ne le blessa point. Comme il s’était relevé et tentait de gravir la montagne, Boso lui lança une pierre et l’atteignit à la tête, de sorte qu’il tomba et mourut ». Le corps de Gondovald fut outragé par les soldats et abandonné sans sépulture. Le lendemain, quand les portes furent ouvertes, on tua tous les habitants et la ville fut rasée[1].

  1. Gregor. Turon. VII, 38. M. Leo Jordan a résumé le siège de Convenae (p. 24-25). Je ne crois pas que Mummolus, demandant à Gondovald de lui rendre son épée, songe à le désarmer : ils avaient jadis échangé leurs épées ; le pacte une fois rompu, chacun doit reprendre la sienne. C’est d’ailleurs ainsi que Gondovald le comprend. — Aimoin entend de même le texte de Grégoire. — Comme pour les faits relatifs à Merovig, j’ai été très heureux de me rencontrer avec M. Jordan sur ce terrain, car cela me rassurait sur la légitimité de mon point de vue. Nous différons en ce qu’il n’a pas marqué de lien proprement dit entre les Fils Aymon et les faits de l’âge mérovingien. C’est sans doute l’identification de Bobo et de Beuves d’Aigremont que j’avais mentionnée, il y a quelques années, dans la Notice des travaux de notre Université, qui m’a détourné de me borner à noter des motifs épiques. C’est aussi la lecture d’Augustin Thierry et de Grégoire. Le hasard fait paraître cette étude après l’article de M. Jordan et j’ai pensé devoir marquer loyalement nos positions respectives. La question de priorité n’a pas ici à être examinée. Parfois elle a un intérêt, car si la personne importe peu, il n’en est pas toujours de même pour les conditions où s’est présentée la première solution d’un problème. J’ai rencontré ces jours-ci un programme du Humboldts Gymnasium, par M. Georg Osterhage, sur la Spagna istoriata (in-4o, 24 p., 1885, Berlin, librairie de R. Gaertner). L’auteur qui considère avec raison notre Gui de Bourgogne comme une source importante des poèmes franco-italiens dont il traite, ignorait que j’avais présenté en somme les mêmes idées, dès 1880, dans les notes de l’édition du pseudo-Turpin (p. 78-97). Mon point de départ diffère du sien, car je donne d’abord comme sources au Gui de Bourgogne la Chanson d’Aspremont et le