Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
les quatre fils aymon

messagers prouve à lui seul qu’à certains jours le bon roi Gonthramn se comportait tout comme son frère, le féroce Chilpéric.

Le prétendant et Mummolus n’osèrent faire face à l’ennemi. Ils passèrent la Garonne et se replièrent sur Convenæ (Saint-Bertrand de Comminges). Cette ville était facile à défendre : « Elle est située au sommet d’une montagne et ne tient à aucune autre. Une grande source, jaillissant du pied de la montagne, est protégée par une tour très sûre ; un souterrain permet de descendre de la ville et de venir puiser de l’eau sans être vu. » Gondovald obtient des habitants qu’ils réunissent à Convenæ leurs biens et leurs provisions ; puis interprétant avec justesse une lettre à double sens que lui adressait le roi Gonthramn, il annonce l’approche de l’ennemi, entre dans la ville, en chasse les habitants et l’évêque : il y avait des provisions pour se défendre pendant plusieurs années[1].

L’armée royale passe la Garonne, enlève le convoi du trésor du prétendant et arrive sous Convenæ. En passant près d’Agen, l’on avait pillé et incendié l’église de Saint-Vincent[2]. Les soldats de Gonthramn venaient injurier Gondovald qui du haut du rempart soutenait la justice de sa cause[3]. Après quinze jours d’attente, le chef de l’armée, Leudegisile, résolut d’attaquer la place. Il avait fait préparer des chars munis de béliers et de claies qui permettaient à ses soldats d’approcher des murs et de les saper. Mais quand ils furent près du rempart, les assiégés les accablaient de pierres,

  1. Gregor. Turon., VII, 34.
  2. Gregor. Turon., VII, 35.
  3. Gregor. VII, 36. Ce discours est très bien étudié. J’en détache ce qui se rapporte à Gonthramn Boso et à Mummolus : « Tunc Guntchramnus Boso, his mihi diligenter expositis, invitavit me dicens : Veni, quia ab omnibus Childeberti principibus invitaris, nec quisquam contra te mutire ausus est. Scimus enim omnes te filium esse Chlothacharii : nec remansit in Gallüs qui regnum illud regere possit, nisi tu advenias. At ego, datis ei multis muneribus, per duodecim loca sancta ab eo suscipio sacramenta, ut securus in hoc regnum accederem. Veni enim Massiliam ; ibique me episcopus summa benignitate suscepit : habebat enim scripta seniorum regni nepotis mei. Ex hoc enim Avinionem accessi juxta placita patricii Mummoli. Guntchramnus vero, immemor sacramenti ac promissionis suae, thesauros meos abstulit et in suam ditionem redegit. »