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les quatre fils aymon

dans le sens de ma thèse, je reproduirai, en l’abrégeant un peu, la page d’Augustin Thierry.

On se rappelle comment, dans les Fils Aymon, le guet-apens est préparé. Une négociation a lieu entre Charles et le roi Ys. Les Fils Aymon iront sans armes, avec des vêtements qui les rendent reconnaissables, dans la plaine de Vaucouleurs. Là les hommes de Charles s’empareront d’eux. Le chapelain du roi Ys, Gontard, a écrit la lettre au roi. Aucune scène n’est plus belle que le départ des Fils Aymon confiants et joyeux, tenant en leurs mains des roses, et chantant :

Aallars et Guichars commencèrent .I. son,
Gasconois fu li dis et limosins li ton,
Et Richars lor bordone belement par desos.

Revenons à Merovig. À Tours, il avait trouvé dans Gonthramn-Bose un compagnon qui avait gagné sa confiance. Frédegonde « envoya près de Gonthramn une personne affidée qui remit ce message : « Si tu parviens à faire sortir Merovig de la basilique, afin qu’on le tue, je te ferai un magnifique présent ». Gonthramn-Bose accepta de grand cœur la proposition. Persuadé que l’habile Frédegonde avait déjà pris toutes ses mesures et que des meurtriers apostés faisaient le guet aux environs de Tours, il alla trouver Merovig et lui dit du ton le plus enjoué : « Pourquoi menons-nous ici une vie de lâches et de paresseux et restons-nous tapis comme des hébétés autour de cette basilique ? Faisons venir nos chevaux, prenons avec nous des chiens et des faucons et allons à la chasse nous donner de l’exercice, respirer le grand air et jouir d’une belle vue » … Les chevaux furent amenés sur-le-champ dans la cour de la basilique et les deux réfugiés sortirent en complet équipage de chasse, portant leurs oiseaux sur le poing, escortés par leurs serviteurs et suivis de leurs chiens tenus en laisse. Ils prirent pour but de leur promenade, le village de Jocundiacum, à peu de distance de la ville ; mais aucune armée ne se présenta pour fondre sur Merovig[1]. »

  1. Aug. Thierry, op. 1. Troisième récit. Cf. Gregor. Turon. V. 14, M. Leo Jordan mentionne la trahison dont Merovig est victime (p. 25) mais sans insister autrement. Il se borne à indiquer les cas de trahison qu’il rencontre dans les temps mérovingiens.