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AVANT-PROPOS

pour une partie, et le manuscrit 764 de la Bibliothèque Nationale pour l’ensemble, se séparent seuls de la tradition. Le manuscrit La Vallière, que je reproduis, donne la forme la plus ancienne qui subsiste. Je le corrige et complète d’après les parties qui lui sont communes avec d’autres manuscrits. À côté ou au-dessous de cette rédaction j’en ai reconnu trois autres représentées chacune par plusieurs manuscrits. La version française en prose dérive d’une rédaction perdue qui était formée de parties empruntées aux quatre rédactions déterminées[1]. Aucun manuscrit n’est l’exacte copie d’un autre. La plupart sont incomplets. Tous les textes, à l’exception du La Vallière, tiennent compte du Maugis d’Aigremont, dont l’importance dans l’évolution de la légende en France et à l’étranger se trouve ainsi plus grande qu’on ne l’avait soupçonné.

Je n’ai acquis que lentement la connaissance des diverses rédactions qui nous sont parvenues. J’en ai continué la recherche et l’étude jusqu’à la dernière heure. La description des manuscrits, les notes au texte et les appendices permettront de juger des principaux changements que les trouvères ont apportés successivement à l’antique récit. Déjà le manuscrit La Vallière n’est pas homogène[2]. Toutes les autres rédactions contiennent une partie qui leur est commune avec lui (l’épisode ou branche de Vaucouleurs), une ou plusieurs parties originales et des parties empruntées aux diverses rédactions. En bien des points j’ai dû abandonner des opinions que j’avais trop promptement

  1. Dans la famille formée par les mss. de l’Arsenal, de Peterhouse, Laud d’Oxford, l’édition française en prose, le Rinaldo en vers, la fin du récit est modifiée en ce que le corps de Renaud n’est pas enseveli à Tremogne (Dortmund) ; ainsi s’est constituée une légende où l’on ignorait le vrai lieu du culte dont, pendant des siècles, notre Renaud, confondu de bonne heure avec saint Reginald, a été honoré en Allemagne.
  2. V. les notes aux vers 6020 et 8625, et à l’appendice les observation sur le ms. La Vallière. Enfin Vivien d’Aigremont est mentionné au v. 8170, alors que ce personnage doit son existence au Maugis d’Aigremont, poème de date plus récente que les parties sûrement anciennes de la version La Vallière. — La sœur du roi Ys est dite d’abord Aélis, puis Clarisse, et c’est le second nom qui prévaudra.