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les quatre fils aymon

10515Marie Magdalaine fesistes le pardon
Et Daniel salvastes en la fosse au lion,
De mort resuscitastes le cors saint Lazaron,
Et fesistes Adan de terre de limon,
Et d’un fruit li feïstes, sire, desfension,
10520Et il en manga puis, ne li fist se mal non ;
Issi com çou est voirs et nos bien le creon,
Si garissies mon cors de mort et de prison
Que ne me pande hui Ripeus de Ribemont.
Chastel de Montauban, à Deu vos comendom.
10525Renaus, biaus tres dous frere jamais ne vos verron,
Ne Aallart le preu ne Guichart le baron.
Huï m’a traï Maugis que on tient à larron.

    Et si les vos lava entor et environ,
    Si les vos essua à ses chevox les blons,
    Vos l’en levastes, sire, amont par le menton ;
    15Judas, li fel, vos dist .iiii. mos à bandon :
    Ostes cele, biau sire, cest malfé d’entre nos :
    Ce n’est pas bone chose d’estre si pres de vos ;
    Et vos li respondistes par molt dolce raison :
    Or vos taisies, Judas, car il m’est bel et bon,
    20Car jo tieng or molt pres tel à mon compaignon
    Que ceste aura encore molt mellor guerredon
    Lassus el sovrain ciel en ma salvasion.
    Et Judas l’entendi, s’embroncha le menton.
    De ses pechiés ot cele molt grant redemption,
    25Car de tos ses meffais li fesistes pardon ;
    Sire Sains Esperis, si com nos ce creom,
    Si garis hui mon cors de mort et de prison,
    Que ne me pende, sire, Rispeus de Ribemont.
    Castiax de Montauban, à Deu vos commandon.
    30Renaus, bials tres dols frere, jamais ne vos verrom
    Ne Alart le vaillant ne Guichardet le blont.
    Hé las ! hui m’a traï Amaugis li larron.
    Rispeu, fai ton plaisir, à Deu nos commendon.

    Si l’on compare entre elles les versions de la prière de Richard données ici et dans les notes du Maugis, on reconnaît que le texte de L est comme un sommaire des plus développés et que Montpellier et Metz sont très voisins l’un de l’autre. Au Maugis d’Aigremont (p. 181-183), l’on a une longue prière de Charlemagne qui cornprend encore d’autres éléments. Ces morceaux donnent une idée de ce que fut la conception populaire de la foi chrétienne au Moyen Âge.